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150 après, la théorie de Darwin est toujours sur la sellette.
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Cent cinquante ans après la parution du livre majeur de Charles Darwin (1809-1882), L’Origine des espèces1 (1859), qui fut l’acte de naissance de la théorie de l’évolution, force est de constater que la hache de guerre n’est pas enterrée, loin de là, entre darwiniens et antidarwiniens. La parution récente de nombreux ouvrages en provenance des deux « camps » en est l’illustration. Citons notamment Pour en finir avec Dieu2, le pamphlet à succès de Richard Dawkins, éminent professeur à Oxford et « leader » des darwiniens. Et du côté des antidarwiniens, le livre somme de Jean Staune, Notre existence a-t-elle un sens ?3 s’impose lui aussi comme un gros succès de librairie. Le public suit toujours avec passion ces débats dont les enjeux ne lui échappent pas.
Il ne s’agit pas ici d’évoquer l’activisme puissant et parfois - hélas - les victoires politiques de divers mouvements créationnistes, en particulier américains, qui n’ont aucun rapport avec la science, puisqu’ils se fondent sur une lecture littérale de la Bible pour nier l’évolution. En revanche, tous les scientifiques sérieux, croyants ou non croyants, regardent évidemment l’évolution des espèces comme un fait scientifique indiscutable. Mais ils restent profondément divisés sur un point crucial : l’explication du mécanisme de cette évolution.
1 - Faiblesse des antidarwiniens
Pour les darwiniens (Richard Dawkins, Stephen Jay Gould, …), l’évolution est le résultat d’une longue succession de mutations génétiques aléatoires triées par la sélection naturelle. Il s’agit là s’une explication dite « matérialiste », qui exclut de fait toute idée de dessein, et s’oppose à la croyance en un Dieu créateur. Mais les antidarwiniens (Michael Denton, Jean Staune, …) récusent cette explication. Pourquoi ? Parce que l’édification des organes infiniment complexes du monde vivant par le hasard aveugle des mutations génétiques ne leur paraît pas crédible, de bonne fois. Il reste que la grande faiblesse des antidarwiniens, est de ne disposer d’aucune théorie alternative, sauf à invoquer un Dieu rivé aux manettes de l’évolution ! De fait, ils se font accuser de créationnisme inavoué par les darwiniens, car refuser de croire au « hasard », n’est-ce pas sous-entendre l’action, directe ou indirecte, d’un « créateur » ? La chose est difficile à nier en effet, et d’ailleurs certains antidarwiniens, comme Jean Staune, ne cachent pas leur croyance en Dieu, car - faut-il le rappeler ? - le déisme n’est pas un délit, même pour un scientifique…
Néanmoins, le dogme salutaire de la séparation de la science et des religions (et plus généralement des croyances) a fait fortune, et les darwiniens ont beau jeu d’affirmer aux antidarwiniens : « Vous avez le droit de croire, mais il vous est interdit de mêler vos croyances à la science. En tant que personne privée, on peut croire en Dieu, mais en tant que scientifique on n’a pas d’autre choix que de croire à la théorie darwinienne, seule théorie scientifique en la matière » Cette tolérance apparente des darwiniens cache en vérité une hypocrisie. Il faut être clair : la théorie darwinienne exclut irrémédiablement l’hypothèse de Dieu, car on voit mal ce qui pourrait subsister du concept de Dieu si l’existence des êtres vivants (et donc de l’homme) ne lui doit rien…
Ainsi donc, si la théorie darwinienne est vraie, alors Dieu n’existe pas : voilà ce que bon nombre de darwiniens n’osent pas dire clairement, pour ne pas apparaître politiquement incorrects, tandis que dans le même temps, la plupart des antidarwiniens critiquent à mots couverts la théorie darwinienne sans oser avouer que si les êtres vivants ne sont pas là tout à fait par hasard, c’est qu’il y a « quelque chose » et que ce « quelque chose » ressemble beaucoup à ce que l’on appelle communément « Dieu ». L’opposition est donc frontale, mais personne n’ose l’afficher clairement, peut-être de peur de déclencher une nouvelle guerre de religion… Il est permis d’espérer toutefois que la sagesse moderne nous évitera aisément ce genre d’écueil.
2 - Faiblesse de la théorie darwinienne
Si les antidarwiniens sont dans une position très inconfortable en raison de l’absence de théorie alternative, la théorie darwinienne, a elle aussi une grande faiblesse : elle n’est qu’une théorie ! Certes, l’évolution est un fait incontestable, mais l’explication darwinienne de cette évolution (mutations hasardeuses et sélection naturelle), demeure, elle, une hypothèse, il convient de le rappeler avec force. Aucune expérience n’a jamais prouvé qu’une succession de mutations purement aléatoires pouvait produire des organes sophistiqués. Prétendre que les mutations spontanées observées dans la nature ou dans les laboratoires sont totalement hasardeuses n’est qu’une affirmation, une profession de foi matérialiste, mais non une preuve scientifique. Sans quoi les antidarwiniens baisseraient les armes et deviendraient darwiniens par la force des choses.
Pourquoi ne pas imaginer une expérience permettant de trancher ? L’ADN est-il réellement une pâte à modeler magique pouvant engendrer des organes structurés par une succession de déformations hasardeuses, et ce en des délais très courts (en termes de probabilités), ainsi que l’affirment les darwiniens ? Il paraît de fait envisageable de tester cette hypothèse en laboratoire. Comment ? En soumettant l’ADN de quelques espèces à des mutations artificielles aléatoires par le biais de manipulations génétiques. Un « hasard contrôlé », en quelque sorte, où les généticiens jettent les dés, puis effectuent eux-mêmes les mutations sur l’ADN, en fonction des numéros sortis. Le but étant de comparer les résultats obtenus avec ceux des mutations spontanées observées dans la nature… Il y aurait une réflexion passionnante à creuser pour mettre au point ce type d’expérience. Si toutefois il se trouve des généticiens jugeant utile d’y réfléchir. Car faute d’une expérience significative, seul juge de paix en matière de science, la théorie de Darwin risque d’empoisonner encore bien longtemps les rapports entre darwiniens et antidarwiniens, et de rester une éternelle pomme de discorde au sein de la communauté scientifique, comme de la société en général…
Xavier Quentin4
1 Charles Darwin, L’origine des espèces, Flammarion, 1999.
2 Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, Robert Laffont, 2008.
3 Jean Staune, Notre existence a-t-elle un sens ?, Presses de la Renaissance, 2007.
4 Xavier Quentin, L'évolution est-elle l'oeuvre de Dieu ? : Dialogue scientifique et philosophique, Editions JMG, 2008. |
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